
Quand le loup mal aimé d’Intermarché performe à l’échelle mondiale
Temps de lecture : 6 minutes
À l’approche des fêtes de fin d’année, Intermarché, l’enseigne française bien connue, a surpris le monde entier avec une campagne publicitaire qui dépasse toutes les attentes — non seulement en France, mais aussi à l’international. Cette publicité, loin des formats traditionnels courts et superficiels, s’apparente à un véritable court-métrage animé, incarnant une créativité “made in France” qui s’exporte avec force.
Un conte de Noël français devenu phénomène mondial
Diffusé en décembre, le spot met en scène un loup “mal aimé” — figure longtemps associée à l’effroi dans l’imaginaire collectif — sous un jour totalement nouveau. À travers une narration tendre et émotionnelle, le personnage solitaire s’ouvre à la bienveillance en apprenant à cuisiner pour les autres animaux de la forêt, créant ainsi un message universel de rédemption, d’acceptation et de partage.
Ce choix narratif, loin des codes habituels de la publicité, a frappé les esprits et conduit la vidéo à être vue des dizaines de millions de fois sur les réseaux sociaux, suscitant un engouement considérable bien au-delà des frontières francophones.
Une réalisation française, sans intelligence artificielle
L’un des éléments clés du succès de cette campagne est sa conception entièrement artisanale : le spot, d’une durée inhabituelle de plus de deux minutes, a été réalisé par Illogic Studios, un studio d’animation basé à Montpellier, en collaboration avec l’agence Romance.
À une époque où de nombreuses marques internationales recourent à l’intelligence artificielle pour produire des publicités, ce projet engage plus de 60 à 100 professionnels qui ont travaillé pendant plusieurs mois pour donner vie à chaque frame. Cette approche humaine se ressent dans la finesse des textures, la délicatesse des expressions et le rythme narratif, qui rappellent autant les standards du cinéma d’animation que les contes classiques.
Design, scénario et musicalité : un cocktail gagnant
Le scénario privilégie clairement l’émotion à la démonstration commerciale. Intermarché s’éloigne volontairement de la promotion frontale pour proposer un récit construit comme un véritable conte, où la marque s’efface au profit de l’histoire. Le spectateur suit le parcours d’un loup solitaire, maladroit et marginalisé, dont l’évolution progressive repose sur des gestes simples, des silences et des regards, bien plus que sur des dialogues explicatifs. Cette écriture sensible permet une lecture universelle du récit, compréhensible sans barrière linguistique et capable de toucher des publics très différents.
Le design de l’animation prolonge cette intention narrative. Les choix graphiques, inspirés des albums jeunesse et du cinéma d’animation traditionnel, privilégient des textures chaleureuses, des couleurs feutrées et des décors organiques qui installent immédiatement un climat de douceur. Le soin apporté aux expressions, aux mouvements et à la lumière renforce l’attachement au personnage, tout en ancrant le film dans un imaginaire intemporel. Cette direction artistique, à la fois simple et exigeante, favorise l’identification émotionnelle et explique en grande partie la capacité du film à séduire bien au-delà de son marché d’origine.
Un autre atout majeur de la campagne est le choix musical : la publicité s’appuie sur “Le Mal-Aimé”, célèbre chanson de Claude François, symbole populaire de la chanson française des années 1970. L’utilisation de ce morceau emblématique ajoute une couche de nostalgie et de familiarité qui enrichit le récit tout en renforçant son identité culturelle française.

Le storytelling au service d’un rayonnement global
Ce spot n’est pas seulement une publicité : il est devenu un objet culturel, commenté et partagé sur toutes les plateformes, suscitant réactions, partages et commentaires internationaux. Sur X (ex-Twitter) ou LinkedIn, professionnels de l’animation et influenceurs du monde entier ont salué la qualité du travail, allant jusqu’à comparer l’effet émotionnel à celui de productions majeures de l’animation mondiale.
Cette viralité illustre parfaitement comment un récit authentique, porté par un savoir-faire artisanal et une identité culturelle forte, peut traverser les frontières linguistiques et culturelles — jusqu’à susciter des réactions enthousiastes aux États-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Allemagne.
Made in France : un avantage stratégique dans un monde saturé
L’un des paradoxes les plus inspirants de cette réussite est que cette publicité française a rivalisé sur sa seule créativité humaine avec des campagnes internationales souvent plus coûteuses et produites avec des technologies automatisées. Le choix d’un film animé traditionnel, réalisé par une équipe française, est devenu un véritable argument de différenciation face aux campagnes dominées par l’IA, souvent critiquées pour leur manque d’âme.
Une icône qui pourrait bien devenir un produit culturel
Au-delà du succès audiovisuel, Intermarché explore déjà d’autres façons de prolonger l’aventure du loup mal aimé, notamment avec la mise en développement d’une peluche du héros répondant à la forte demande internationale. Ce phénomène témoigne de l’impact culturel de la publicité bien au-delà de sa fonction commerciale.
En conclusion
Quand la créativité française prend le lead
La publicité d’Intermarché n’est pas seulement un succès viral ; elle montre qu’une idée forte, portée par une réalisation soignée et une narration authentique, peut non seulement toucher les consommateurs mais aussi redéfinir les codes de la publicité mondiale. En valorisant un savoir-faire artisanal, une musique française emblématique et un design narratif universel, cette campagne illustre comment, avec un peu de génie créatif, une marque peut non seulement vendre des produits, mais aussi raconter une histoire qui parle à l’humanité entière.
















